GOUNOD (Charles). - Lot 113

Lot 113
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GOUNOD (Charles). - Lot 113
GOUNOD (Charles). Né à Paris. 1818-1893. Compositeur français. Grand Prix de Rome en 1839. Auteur de « Faust » un de ses plus célèbres opéras. LETTRE AUTOGRAPHE À « CHER PETIT AMI » [LE PEINTRE JULES RICHOMME]. Paris, 23 mars 1866. 4 pages grand in-8. (lettre incomplète) EXTRAORDINAIRE LETTRE À LAMI DE TOUJOURS LE PEINTRE RICHOMME QUE GOUNOD CONSIDÉRAIT COMME SON FRÈRE, AU SUJET DOEUVRES MUSICALES, NOTAMMENT DE SON OPÉRA-COMIQUE LA COLOMBE, ET DUNE MESSE DE LISZT DONNÉE EN LÉGLISE SAINT-EUSTACHE À PARIS « La grande rumeur de Paris en ce moment, c'est l'abbé Liszt »...Pendant que, retenu sur la colline peu champêtre de la Rue La Rochefoucault, je mène la vie plate et bourgeoise d'un citoyen inoffensif et d'un auteur qui fait plus ou moins répéter les 2 actes de sa Colombe, toi, tu nages en pleine antiquité, et tu respires, à larges poumons, l'air, le ciel, le sol et l'histoire de cette vaste et inépuisable Italie. Te voilà, enfin, devant ces dalles de la vieille voie sacrée que cinq ou six mètres au plus séparent du piétinement moderne : te voilà dévorant des pas et des yeux cette ville vraiment éternelle où le christianisme se promène, silencieux et grave, sur la cendre de ses premiers martyrs et de ses premiers bourreaux. Du Colysée à Ste Marie Majeure ! ou de Ste Marie Majeure à St Jean de Latran ! ou de St Jean de Latran à Ste Croix de Jérusalem !... Partout enfin, que de profondes et mélancoliques impressions ! et quelle sérénité douce et sévère sont ensemble ! On sent, tout autour de soi, je ne sais quoi de majestueux et de calme dont le contact est indicible et le souvenir ineffaçable.Jules Massenet vient d'interrompre ma lettre : il sort d'ici. Je lui ai dit que je t'écrivais ; il me charge de son souvenir pour toi. Il m'apprend que Leuven vient de lui confier un acte dAdenis.Quant à ce qui me concerne, cher enfant, je n'ai rien de bien nouveau à t'apprendre. Cette pauvre Colombe, dont je te parlais en commençant, doit composer un spectacle avec deux actes de Flotow que l'on répète en même tems que les deux miens (...). Roméo se repose par suite de ces graves circonstances ; dès que La Colombe se sera envolée vers le public, moi je m'envolerai à St Cloud pour en finir avec Juliette : après quoi, Dieu seul sait ce que je ferai ; car, 1° J'ai rendu à Legouvé les Contes de la Reine de Navarre : 2° J'ai résilié un projet avec Meilhac et L. Halévy : 3° J'ai renoncé à un grand drame que javais chez moi depuis un an. Bref, après Roméo, je quitte le théâtre et lui dis m........ ou « Ite missa est ! » Voilà !...Mais, je compte bien n'en travailler que plus et mieux, si Dieu me prête vie.À propos de théâtre, l'art vient de faire une perte douloureuse : Clapisson n'est plus : il a succombé avant-hier, ce qui fait à lInstitut un vide inopiné dont on va s'occuper d'ici à peu. Nous allons recommencer nos visites : peut-être y en a-t-il eu déjà quelques unes de faites à l'enterrement auquel je me suis fait un devoir de ne pas assister.La grande rumeur de Paris en ce moment, c'est l'abbé Liszt. J'ai assisté il y a une huitaine de jours à l'exécution de sa messe à orchestre, dans l'église de St Eustache : j'étais à côté de Berlioz dans une stalle du chœur, et l'abbé était derrière nous. Javais devant moi une quarantaine de petites filles des écoles qui se tiraient tant mal que pis dune responsabilité vocale souvent très lourde pour elles : javais, en outre, dans l'oreille droite, des bassons, clarinettes, flûtes, cors, trompettes, tubas et trombones dont le trop proche voisinage détruisait pour moi l'équilibre de la sonorité générale, de façon que je n'ai pu nullement me rendre compte de la valeur purement musicale de l'œuvre. Cela ma semblé curieux ; haché, indépendant parfois jusqu'à l'anarchie, souvent heurté de modulations, presque toujours décousu ; il semble que l'auteur ait, par-dessus tout, la crainte de la logique et l'horreur de la tonalité : c'est impatientant (sic) de recherche et de malice. À côté de tout cela on trouve des touches saisissantes, et qui le sont d'autant plus que ce quelles ont de plus clair que le reste bénéficie de la confusion environnante : à chaque instant on croit voir peindre (poindre) une phrase mélodique...En 1861, Franz Liszt se retirait à Rome et entrait dans les ordres donnant à sa vie et à son œuvre une tournure mystique. L'oratorio Christus (achevé en 1866) et la messe Missa choralis (1865) ont été écrits en même temps. Liszt compose quatre messes pour chœur et orchestre. Le compositeur Vincent dIndy confirmera plus tard en rapportant des propos de Liszt, ce que Gounod pressent déjà dans cette lettre : à savoir que Liszt aspirait à vouloir la « suppression de la tonalité ». Berlioz, Franck et Liszt ont en commun avec Gounod un même maître : Reicha, qui donna pendant un an des leçons à Gounod avant son entrée au Conservatoire
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