ART CONTEMPORAIN NOS COUPS DE COEUR

Lors de notre prochaine vente d'Art Moderne et Contemporain du mardi 28 juin vous aurez l'occasion d'acquérir des oeuvres de Chiharu Shiota, Charles Matton, Giorgio Griffa, Cheri Samba, Ben Vautier ou Heinrich Von Zugel. 


Chiharu Shiota

Chiharu Shiota est une artiste japonaise née en 1972 qui est aujourd’hui installée à Berlin. Connue pour ses impressionnantes installations et ses performances, ce n’est pas avec un pinceau qu’elle peint une toile mais avec son fameux fil noir ou rouge qu’elle peint les lieux qui accueillent ses œuvres, comme le musée Guimet qui lui a laissé carte blanche jusqu’en juin 2022 ou encore des salles d’exposition aux Etats-Unis, en Finlande et au Danemark. Traversant l’espace, ces fils enveloppent, entremêlent, lient et relient des objets du quotidien et permettent le temps d’un instant au spectateur de se retrouve happé dans une œuvre éphémère qui réussit pourtant à imposer un questionnement sur l’espace, le mouvement et de ce fait, le temps.
 
Son œuvre intitulée « Les ciseaux » met en scène des ciseaux qui flottent dans l’espace grâce à des fils rouges dans un cube de 30 x 30 x 30 cm. Ce fil rouge, synonyme de destin dans la culture asiatique car il serait celui qui lie deux âmes destinées à se rencontrer, permet à l’artiste de se révolter contre l’inévitable marche du temps. Les ciseaux se tiennent ainsi immobiles, enfermés dans un cube. Déjà entrouverts, on imagine le mouvement qui va suivre et ne suivra pourtant pas : les objets du quotidien perdent ici leur fonction première et deviennent œuvre d’art.


Charles Matton

Charles Matton est un artiste français touche à tout qui maîtrise de nombreuses techniques comme la réalisation, la photographie, l’illustration, l’écriture et la sculpture, né en 1931 et décédé en 2008. Une enfance rythmée par l’incertitude et la perplexité nourrisse l’intérêt et le questionnement de l’artiste concernant sa réalité et le regard qu’il peut poser sur le monde qui l’entoure. Il gagne en visibilité à la suite de long-métrages comme l’Italien des roses en 1972 et Spermula ou Amour est un fleuve en Russie en 1976 puis avec ses boîtes, des reconstitutions de lieux miniatures. L’artiste souhaite réaliser des peintures réalistes en peignant directement sur des tirages de photographies et fabrique pour cela ces lieux, des scènes de théâtre minutieuses et réalistes qui lui permettent de mettre en scène un décor intimiste idéal qu’il peut modeler et remodeler selon ses souhaits. Ces mini-mondes ne sont désormais plus seulement une simple étape intermédiaire pour réaliser des tableaux mais ont acquis le statut d’œuvres d’art à part entière. Il gagne dès les années 1990 une reconnaissance nationale, exposé au Centre Pompidou et aux Beaux-arts de Paris, mais aussi internationale, qui ne fera que s’accroître dans les années 2000.

L’œuvre La chambre de J.M.G Le Clézio à Nice (Avant le départ) est une boîte réalisée par Charles Matton en 1999. Deux valises posées par terre, un planisphère important de l’Afrique au mur et la grande fenêtre qui laisse traverser un peu de lumière chaleureuse nous donne une impression d’un appartement qui s’apprête à être vidé, le célèbre écrivain d’origine française et mauricienne réputé pour ses nombreux voyages ayant seulement laissé derrière lui quelques livres avant de se lancer dans une énième nouvelle expédition vers une destination lointaine. On y retrouve la précision caractéristique de ces boîtes, de la chaise version miniature de Hans Wegner aux traces sur le mur qui suggèrent que deux affiches ont déjà été retirées du mur et donc que le voyage est imminent illustrant le goût du détail de l’artiste.  
 


Giorgio Griffa

Giorgio Griffa est un artiste abstractionniste né en 1936 à Turin. Proche à ses débuts de l’Arte Povera et du minimalisme sans pour autant s’inscrire dans un mouvement artistique précis, Griffa valorise la sobriété dans son travail dans un contexte de développement industriel et de ce fait, d’apparition de la consommation de masse à la suite du miracle économique italien de l’après-guerre. Sur des toiles parfois travaillées à même le sol et fixées aux murs à l’aide de clous, il utilise de la peinture acrylique à base aqueuse pour représenter des formes épurées et élémentaires. Avec quelques couleurs, quelques formes et quelques variations, l’artiste se libère de toute forme figurative ou symbolique et s’interroge sur la notion de séries, et de ce fait de l’unicité en art. Pliées ou empilées lorsqu’elles ne sont pas exposées, ses toiles deviennent des œuvres en constante évolution et s’inscrivent dans une visée expérimentale.

Martin Barré

Martin Barré est un peintre français né en 1924 et décédé en 1993 qui a développé, questionné et nourrit l’abstractionnisme en France et dans le monde avec une œuvre ambitieuse et radicale. Après un passage à l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, l’artiste s’installe à Paris en 1948 et rejette progressivement la peinture figurative. Sans s’inscrire dans l’abstractionnisme lyrique qui célèbre l’émotivité et le geste spontané de l’artiste ou dans l’abstractionnisme géométrique qui valorise les formes et les couleurs, Barré cherche à questionner les conceptions traditionnelles de l’art à sa manière. Son indépendance d’esprit l’amène à multiplier ses recherches, notamment celle concernant le rapport entre la toile et l’espace qu’elle occupe. Avec une palette de couleurs réduite, il joue avec les lignes qui ont l’avantage de ne pas occuper la toile mais de la transformer, l’inscrivant dans son espace. Après des séries de grilles sur lesquelles il passe des voiles plus ou moins blancs dans les années 1970, l’artiste revient aux couleurs et à la forme dans les années 1980, réalisant des œuvres esthétiques et saisissantes. Comme l’illustrent l’exposition qui lui fut consacrée au Jeu de Paume en 1993 ou celle au centre Georges Pompidou en 2020, sa singularité et sa recherche de nouveauté font de lui l’un des peintres abstraits français les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle.

L’œuvre 60-T-27 est une huile sur toile de 28x26cm réalisée par Martin Barré en 1960. Des traces de rouge, bleu et jaune éclatent sur un fond neutre dans déséquilibre réfléchi. L’œuvre illustre ainsi la grande maitrise de l’artiste à assembler disposer et composer.
 


Cheri Samba

Cheri Samba est un peintre né en 1956 en République démocratique du Congo exposé aujourd’hui partout dans le monde. Autodidacte, il commence à dessiner très tôt avant de devenir peintre d’enseigne publicitaire et illustrateur pour des journaux de divertissement. D’abord reconnu au Congo, il garde cet héritage du dessin populaire, de l’art de rue et de la bande dessinée en intégrant dans ses œuvres des textes qui ont pour fonction première d’attirer l’attention du spectateur et de permettre à ce dernier de mieux pénétrer l’œuvre. C’est à la suite d’une exposition au Centre Pompidou en 1989 que Samba commence à avoir une reconnaissance internationale, étant aujourd’hui notamment exposé au MoMa à New-York. La corruption, la guerre, le sida ou encore le racisme : les sujets qu’il traite sont multiples et dépeignent la vie quotidienne ainsi que les thématiques sociale, politique ou encore économique présentes en Afrique et plus généralement dans le monde. Toujours colorées, vives et parfois avec des paillettes, ses œuvres élaborées teintées d’humour et faciles d’accès lui ont permis de se revendiquer fièrement artiste populaire.

« Je suis le même mais je ne suis plus le même » est une toile de 120 x 150 cm réalisée par Cheri Samba en 2003. L’artiste se représente deux fois : d’abord dans sa jeunesse puis lorsqu’il est plus âgé, les deux visages se déroulant d’un même bandeau unique. La présence de billets manifeste une autre différence entre ces deux « lui » qui n’est plus seulement physique mais financière. Colorée avec un fond bleu pailleté, cette œuvre représente ainsi la dualité qui accompagne l’artiste qui reste le même, toujours animé par une volonté de créer mais qui ne l’est plus, les responsabilités accompagnant la reconnaissance de son œuvre ayant marqué une rupture financière.
 


Ben Vautier

Ben de son vrai nom Benjamin Vautier est un artiste français né en 1935 aujourd’hui très populaire en France et dans le monde pour ses installations, ses performances et ses écritures. C’est à Nice que débute sa carrière d’artiste avec son Magasin : cette petite boutique acquise à la fin des années 1950 vend d’abord des vinyles avant de se transformer en « Galerie Ben doute de tout », devenant rapidement un lieu de rencontre et d’échanges incontournable pour des jeunes artistes novateurs. Membre du mouvement Fluxus qui interroge la place de l’œuvre d’art dans le monde et la société avec une provocation néo-dadaïste et proche du lettrisme qui favorise l’émancipation des mots, l’artiste partage avec humour, simplicité et pertinence ces questionnements à travers ses multiples œuvres. Cette démarche le pousse notamment à signer les objets qu’il trouve ou encore, les personnes qui l’entourent car si ce qui est signé est œuvre d’art, alors tout peut l’être. Ben travaille principalement sur les concepts d’ego, de nouveauté, d’ethnies et de doute à travers différents médiums dont des peintures-écritures largement reproduites. Selon lui, l’art s’expérimente, se vit et est vie et pour cela, le monde devient un atelier, un terrain de jeu et un lieu d’exposition privilégié de réflexions et d’interrogations.

L’œuvre de Ben intitulée Chambre du philosophe/des philosophes est une boîte réalisée en 2002. Deux cochons sont posés au premier plan tandis que dans le fond, on retrouve l’écriture cursive enfantine de l’artiste avec l’inscription Une simple question de survie. Selon celui qui se revendique aussi philosophe de comptoir, la survie est « le seul dénominateur commun à toute forme de vie dans le monde » comme il l’a théorisé dès ses seize ans.
 


Heinrich von Zügel

Heinrich von Zügel est un peintre allemand né en 1850 et décédé en 1941. Professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Munich de 1895 à 1922, l’artiste influencé par le traitement de la lumière naturelle des impressionnistes s’intéresse à la peinture d’animaux de ferme et domestiques ainsi qu’à la peinture de genre. Pendant plus de quarante ans, il va ainsi représenter le « heavy work » en peignant des chevaux et des bœufs de labour. Face à un Etat paternaliste et conservateur qui favorise la peinture d’histoire naturaliste, von Zügel fonde avec d’autres artistes la Sécession de Munich, une association fondée en 1892 qui s’engage pour promouvoir le modernisme dans l’art et qui va inspirer la formation d’autres sécessions dans le pays.

Le peintre capture avec son style singulier la vitalité des vaches dans un paysage doux et apaisant.