GOUNOD (Charles) - Lot 104

Lot 104
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400 - 500 EUR
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GOUNOD (Charles) - Lot 104
GOUNOD (Charles) Né à Paris. 1818-1893. Compositeur français. Premier Prix de Rome en 1839. Lettre Autographe Signée « Ch. Gounod » à Jules Richomme, à Florence. S.l. [Paris], 7 octobre 1846. 4 pages in-8. Superbe et longue lettre au peintre Jules Richomme parti en Italie (il entretint avec ce peintre une correspondance suivie pendant toute sa vie) ...J'ai profité du temps de la retraite ecclésiastique que faisait mon maître, pour en faire une aussi de mon côté, et consacrer une huitaine de solitude à des pensées que le travail nécessaire ne permet pas de caresser autant. Me voici maintenant rentré dans la vie de lEtude, où du reste je ne fais que retrouver sous une autre forme ce que le cœur aperçoit pour celle qui lui est propre. Il imagine que sa solitude aura vite été trompée par la rencontre de personnes ...parmi les artistes qui ne manquent pas en ce pays (...). Je te suis par la pensée à Pitti, aux Uffizzi, à lAcadémie, à San-Marco, à la Loggia de la place du Grand Duc, à San-Miniato, enfin partout où j'ai vu et admiré tant de chefs-dœuvre que j'aurai tant de bonheur à revoir avec d'autres yeux amis, et meilleurs que les miens. J'ai toujours pensé que la vue de lItalie était le complément nécessaire des études d'un artiste quel qu'il fût : car un homme d'art n'est qu'une seule chose dont les manifestations si multiples ne sont que des langages divers ; (...) il y a un profit incontestable et substantiel pour un poëte ou un musicien à voir de belles peintures, de beaux édifices, ou un beau pays : le sentiment d'un artiste me paraît une sorte d'alchimie universelle, où chacun convertit à sa nature propre les éléments les plus variés, pour sen emparer, se les assimiler, et les faire devenir sa véritable substance. Aussi quand tu seras à Rome, t'engagerai-je fort à ne te point priver de la Cappella Papale, où tu trouveras de la musique à fresque tant que tu en voudras : il y a dans les productions de tous ces maîtres une identité merveilleuse qui atteste à quel degré les mêmes idées et les mêmes sentiments les dominaient tous. Et il fallait que l'influence de ce principe-là fût bien puissante pour avoir absorbé tant d'individualité, dont la vie, prise isolément, m'était si loin. Il n'y a, je le crois bien, cher ami, que les grandes époques pour faire de grandes choses : c'est ce qui nous explique ce me semble, pourquoi de fort bons chrétiens font aujourd'hui de si mauvaises peintures chrétiennes, et pourquoi aussi, dans ce temps-là, de fort vilains drôles, emportés par le courant de leur époque, ont fait de l'art catholique admirable parce qu'ils n'étaient plus guère que les instruments dune idée universelle qui les entraînait malgré eux... Il lui demande un croquis ...je m'en rapporte à toi et à ce que tu peux savoir de moi pour me consacrer un petit dessin selon mon cœur : tu ne seras pas, je crois, embarrassé de ce que tu devras faire... Il termine en le rassurant sur ses parents et en lui souhaitant une bonne fin de voyage ...vois tout ce que tu pourras et jouis tant que tu pourras de ce pays où la lettre et l'esprit entrent par tous les pores : une journée de peintre est si pleine et si vite passée au milieu de tout ce qui t'entoure, et ces journées-là font si vite cinq ou six mois ! fais donc bonne provision de formes et de choses : on nous donne si peu ici, en fait de Réalités ! on nous paye d'apparences ; mais enfin tout le monde ne sen paye pas ; et vraiment il y a ici de pauvres gens qui ont bien soif et qui sont à sec...
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