GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) - Lot 16

Lot 16
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Estimation :
800000 - 1200000 EUR
GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) - Lot 16
GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) Le Sceptre d'Ottokar Planches trait originale des pages 97 et 98 (version noir et blanc) figurant toutes deux sur la même feuille de papier à dessin et parues dans Le Petit Vingtième du 20 juillet 1939. Encre de Chine, aquarelle, gouache et mine de plomb. Signée. H 39.8 x L 60 cm Historique : Le Sceptre d'Ottokar fut d'abord prépublié dans Le Petit Vingtième, du 4 août 1938 au 10 août 1939 avant de paraître en album aux Éditions Casterman en 1939. Provenance et état : Collection particulière (pièce acquise il y a 45 ans). Pièce en parfait état de conservation, conservée à l'abri de la lumière, entre des feuilles de papier non acide. Statut : La pièce est accompagnée de son certificat délivré le 16 mai 2023 par le Comité d'Authentification des Studios Hergé. Tout l'art de Hergé en deux pages Considérées à juste titre comme étant parmi les plus remarquables planches réalisées par Hergé de sa propre main pour Le Sceptre d'Ottokar, celles des pages 97 et 98, juxtaposées sur une grande feuille de papier à dessin, concentrent de multiples éléments-clés de cette Aventure de Tintin. Elles permettent aussi de mieux appréhender la position de l'auteur à ce moment crucial de l'histoire de l'Europe. Et surtout, elles exposent une très large palette d'expressions des personnages qui s'étend de la colère à la joie en passant par la surprise, l'interrogation et l'autorité. Tintin en 1939 est un personnage abouti sous la plume de Hergé. Son père spirituel a trouvé la voie qu'il suivra dorénavant, sans les maladresses et les tâtonnements de ses débuts. La ligne à suivre est là, claire et nette. Contexte historique Le scénario de l'oeuvre de Hergé, Le Sceptre d'Ottokar, est le compte rendu d'un Anschluss manqué. Inspiré par l'histoire de l'Europe en cours d'écriture, ce scénario se rapproche bien plus que prévu de l'actualité de l'époque. La Syldavie n'est autre que l'Albanie, son dirigeant, le roi Muskar XII, se trouve trahi par Müsstler, nom contractant les patronymes de Mussolini et d'Hitler, chef de la garde d'acier. Hergé insistera beaucoup auprès de son éditeur Casterman pour que l'album paraisse avant la fin de l'année 1939. Dans une lettre datée du 12 juin 1939 il interpellera son ami Charles Lesne, directeur éditorial : « Si tu as un peu suivi l'histoire, tu verras qu'elle est tout à fait basée sur l'actualité. La Syldavie, c'est l'Albanie. Il se prépare une annexion en règle. Si l'on veut profiter du bénéfice de l'actualité, c'est le moment ou jamais. » Lorsque cette double planche paraît dans le numéro du Petit Vingtième daté du 20 juillet 1939, qui reprend en couverture la scène mythique de l'arrivée de Milou dans la salle du palais, les troupes de Hitler ont en effet déjà envahi à la mi-mars une grande partie de la Tchécoslovaquie (la Bohème et la Moravie). Mussolini, de son côté, a mené une campagne militaire contre l'Albanie début avril, et le décret d'annexion de ce petit pays par l'Italie a été signé le 12 avril, après une campagne d'invasion de moins d'une semaine. Le 22 mai (jour d'anniversaire de Hergé !), un accord d'assistance mutuelle entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste est signé. C'est dire à quel point la parution de ces planches qui désignent le (les) coupable(s) des troubles de cette région du Monde — eh oui, Müsstler — colle à l'actualité. Une première publication de l'album aura lieu en novembre 1939, mais malheureusement l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, qui déclenche la Deuxième Guerre mondiale et provoque une pénurie de papier, limitera le tirage, et la production ne reprendra qu'en 1941. Dialogues et détails graphiques Les dialogues sont écrits en lettres majuscules, conformément au standard de l'époque. Mais dans les éditions suivantes, ils seront écrits en lettres minuscules. Les formes des phylactères suivent en gros les règles de la ligne claire au sens où elles s'intègrent au graphisme pour contribuer à la lisibilité et la fluidité de l'histoire, aux deux exceptions notables déjà mentionnées. On remarquera l'utilisation du blanc qui souligne les bottes du roi, mais aussi autorise quelques repentirs (l'aile du coq) et permet l'émergence de la houppe de Tintin et des gouttes de surprise sur le fond noir du bois de lit. Le rendu de l'astrakan sur le costume du roi (col et manchettes) est très efficace, vu l'économie des moyens employés ; le traitement de la surface du pantalon du ministre sur la vignette en bas à gauche est aussi particulièrement original : plutôt que d'utiliser le gris ou le noir, Hergé a choisi de tracer une alternance de lignes pleines ou interrompues verticales qui ne suivent pas le mouvement du vêtement, une solution unique dans cet album et qui fonctionne très bien ici. Ces deux derniers détails montrent comment les contrainte
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